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Prochain essai

Acceptabilité sociale

Dimanche le 17 mars 2019

Jules César et Lucius Quinctius Cincinnatus, outre le fait qu’ils étaient romains et des hommes politiques majeurs de l’histoire de Rome, possèdent également la particularité d’avoir été nommés dictateurs. Les deux hommes avaient le même but, celui de protéger et fortifier Rome, et les deux usèrent de la même fin politique pour leur dessin. Et pourtant, le premier a été considéré de son vivant comme un ennemi de la République, tandis que le second est apprécié jusqu’à ce jour comme un modèle de vertu et d’humilité. Concernant César, le Sénat, et en quelque sorte le peuple romain, voyait d’un mauvais œil cette prise de pouvoir absolu de l’état entre les mains d’un seul homme ; pour Cincinnatus, selon la légende il a fallu le forcer à quitter ses champs et à prendre contrôle total des affaires pour le bien de Rome, pouvoir qu’il a restitué au bout de 16 jours. S’il était socialement acceptable, voir souhaitable, pour Cincinnatus de prendre le pouvoir ad vitam, César n’a su bénéficier de cette approbation.

Cette illustration historique n’avait pour but que d’annoncer certaines couleurs quant à la définition que je vais tenter de l’acceptabilité sociale. Concept constitué de deux mots : acceptabilité, venant d’accepter, agréer ce qui est offert, ou encore approuver une chose, la considérer comme juste ; sociale, qui se rapporte à une société, à une collectivité humaine considérée comme une entité propre. L’acceptabilité sociale est donc l’approbation d’une chose par la société, la considération par une collectivité, par un groupe d’humains précis que cette chose est juste.

Comment valider l’approbation de la société pour telle ou telle chose, de tel ou tel projet ? Le meilleur moyen que nous semblons avoir trouvé aujourd’hui est celui de la démocratie. Nos élus sont nos voix, et l’acceptabilité sociale d’un projet doit naturellement passer par eux puisqu’ils représentent la majorité. Cincinnatus par exemple bénéficia de l’aval du Sénat.

Mais ce concept de majorité n’est pas suffisant et n’est pas garant d'infaillibilité : mal informée ou bien influencée, celle-ci peut se « tromper », et la société en générale peut se trouver en position vulnérable. L’acceptabilité sociale d’un projet doit donc trouver d’autres appuis, et elle doit alors passer par d’autres groupes, des organisations ou organismes concernés par ledit projet, et s’il le faut même directement par les citoyens en vue de valider la décision des élus. Sans oublier par ceux qui sont les instigateurs des projets, puisqu’il pourrait arriver que les projets soient quelque peu modifiés selon les défis qu’ils peuvent poser à la société.

La réalisation ou non d’un projet est dès lors socialement acceptable lorsque tous les acteurs pouvant, et étant, influencés par celui-ci, donc les parties prenantes, sont concertés et justement entendus. Mais alors, qu’elles sont les conditions, les critères qui caractérisent l’acceptabilité sociale d’un projet ?

La pertinence de l’information concernant le projet et la qualité des évaluations l’entourant sont deux aspects primordiaux que les parties prenantes doivent posséder afin qu’elles puissent prendre une décision éclairée : les impacts sociaux, économiques et environnementaux si le projet va de l’avant ou pas doivent être considérés. La transparence également va de pair : tous les aspects du projet se doivent d’être visibles à toutes les parties. Mais être justement informé, sans aucune omission quant à l’information disponible, n’est pas suffisant : il faut que les parties prenantes puissent s’exprimer, et prendre des décisions selon le cadre légal qui leur sont octroyées, sans subir de pression externe, en toute liberté et intégrité. L’écoute et la reconnaissance des différents intérêts qui peuvent se manifester de la part des acteurs concernés, le droit de s’opposer, sont également des éléments à considérer. Un droit d’opposition que César avait enlevé au Sénat en usant de manigances politiques, de la corruption et de la peur.

La question que je me pose aujourd’hui est toute simple : nous, les jainis, sommes-nous socialement acceptable ou pas ?

Voilà, il n'y a rien de plus!

J'espère que vous avez apprécié la lecture de mes conneries. Je suis une merde!